Ezekiel 25:17

 

 

 

MR 73 Star Rating 6

 

 

La sincérité au cinéma est un concept aujourd'hui éloigné, un couin lointain vite remplacé par la grosse tantine aux cuisses dodues bourrées d'argent. Les réalisateurs manufacturent des produits sans âme, et on s'évertue plus à concevoir une campagne marketing conséquente plutôt qu'un film vaguement regardable. Les artisans de la caméra se retournent dans leur tombe, mais certains résistent toujours face à l'envahisseur. Olivier Marshall est de ceux-là. Il met tout son coeur dans ses projets cinématographiques, jusqu'à se rendre physiquement malade (voir pour ça l'impressionnant making-of de 36 quai des orfèvres), tournant avec le même cercle d'acteurs et de techniciens le même genre d'histoire. Jusqu'à parfois perdre pied.

 

S'il a pour lui une ambiance poisseuse et ultra noire, le film pèche surtout par son scénario caricatural, vain dans son exécution, qui s'éparpille inutilement tout en appuyant lourdement sur la détresse de ses personnages. Ici tout le monde a vécu son drame, personne ne refait surface, jusqu'aux chiens mourant de chagrin. A vouloir trop bien faire, Olivier Marshall en fait trop, et là où son dernier film flirtait habilement avec le too much, Mr73 s'en habille clairement.

Toutefois, on ne pourra pas lui enlever une direction d'acteur magistrale, et une efficacité combinée à un soin du détail rare dans le cinéma français actuel. On est à deux doigts d'assister à la naissance d'un véritable auteur.